
Fille de deux grandes divinités marines primordiales, Okéanos et Téthys, elle-même divinité primordiale, Mètis est la déesse de la Prudence, de l’intelligence et de la ruse. Elle représente la divination par l’eau.
Après avoir conquis le pouvoir par la force dans la guerre contre les Titans, Zeus, épouse en première noce cette déesse aux qualités nécessaires à la pérennité de son règne, point de souveraineté sans le secours de sa science magique.
Comme il est dit qu’après avoir enfanté Athéna, elle mettra au monde un fils qui détrônera son père, afin d’éviter cette issue fatale, le dieu de l’Olympe, « trompant ses esprits par une ruse grâce à des mots séducteurs, l’engloutit dans ses entrailles ». Il devint, à cet instant même, « mètieta », il s’est fait mètis. Il acquiert de ce fait la connaissance de celle « qui sait plus de choses que tout dieu ou homme mortel »[1]. Il a ainsi métabolisé la nature primordiale qui dispose toutes choses, tous les éléments, « le feu et l’eau, la terre et l’éther, la nuit et le jour ». Le passé, le présent et le futur n’ont plus aucun secret pour lui. Aucune ruse ne peut désormais échapper à sa sagacité, sa Souveraineté ne peut plus être remise en cause.
En l’avalant, « Zeus mit ainsi fin à la carrière mythologique de la déesse », nous dit Jean-Pierre Vernant, la mètis est ainsi devenue un nom commun désignant la ruse. Raison, sans doute, pour laquelle si peu de mythologues en firent cas.
« Engagée dans l’avenir et dans l’action, cette forme d’intelligence a été, à partir du Ve siècle, refoulée dans l’ombre par les philosophes. Au nom d’une métaphysique de l’être et de l’immuable, le savoir conjectural et la connaissance oblique des habiles et des prudents furent rejetés du côté du non-savoir.» [2] (Jean-Pierre Vernant)
Voilà qui correspond à l’esprit de la psychanalyse anthropologique, dont la pratique est bien ancrée dans l’analyse des actes posés dans le monde, et de leurs retours symboliques.
Les divergences dans les deux traditions légendaires, celle d’Hésiode et celle d’Eschyle, ne font que souligner la constance du thème de la ruse au cœur des mythes de Souveraineté. Cette constance révèle que cette notion est indispensable pour bien comprendre l’univers intellectuel et psychologique des Grecs, et donc de la psyché humaine.
La Mètis préside à la création du monde.
Gaia, première déesse dite « à mètis », conçoit la ruse qui va permettre à Chronos, son fils, de détrôner son père. Elle conçoit dans ses profondeurs l’outil, la serpe, et l’acte, la castration d’Ouranos.
Ce geste inaugure la création d’un espace-temps qui permit la génération. De l’indifférencié et du désordre du Chaos advint un certain ordre permettant la différenciation. Cette première étape, sans être encore une individuation, est nommée première Souveraineté. Un embryon de Moi, pourrait-on dire, émerge.
La mètis est une forme d’intelligence pratique, efficace et agissante, confrontée à une réalité à la fois complexe et mouvante. Le mot est à rapprocher de la forme verbale mêdomai (méditer) [3], repris par le latin medeor « donner ses soins à », où la racine med. dans modus, prend le sens d’« une mesure de contrainte, supposant réflexion, préméditation, et qui est appliquée à une situation désordonnée ».
A l’étude de cette forme particulière d’intelligence, de ses modes d’action et procédures, la comparaison avec la technique psychanalytique s’est imposée à moi peu à peu comme une évidence.
Afin de soutenir cette comparaison, j’ai choisi d’analyser la mètis à l’œuvre en séance sous ses trois modes d’expression dans les mythes, que sont :
1 La métamorphose
2 La maîtrise des liens
3 Le pouvoir oraculaire
1- Pouvoir de métamorphose :
Dans le mythe, la personne qui use de la mètis se métamorphose en une multitude de formes afin d’échapper à son agresseur, comme pour duper sa victime. Il s’agit d’un cycle de métamorphoses qui, une fois achevé, la ramène à sa forme initiale, à son être d’origine. Et c’est seulement à ce moment-là qu’une vérité va pouvoir être énoncée par cet être ou à cet être.
Hésiode nous dit que Mètis avait le pouvoir de prendre toutes les formes qu’elle souhaitait, et que Zeus l’ayant « égarée et rendue petite », l’avala. Elle se changea en goutte d’un liquide qu’il put absorber, peut-être un pharmakôn, tout comme celui que Mètis avait fait avaler à Chronos pour lui faire régurgiter ses enfants.
La métamorphose permet de sortir du raisonnement dans lequel l’autre veut enserrer, lier son contradicteur. L’Odyssée raconte comment la ruse d’Ulysse lui permet d’échapper à la sauvagerie du Cyclope : Outis est une autre façon de dire mètis.
Piégé dans la caverne du monstre, Ulysse, qui est l’incarnation humaine de la mètis, lui dit qu’il s’appelle : Outis, ce qui signifie : PERSONNE. Lorsque les frères de Polyphène l’entendirent gémir qu’on lui a fait du mal, et qu’ils lui demandent, « mais qui t’a fait du mal ? », Polyphène répond « c’est PERSONNE ! », « ah bon ! si c’est personne, répondirent les frères, pourquoi tu nous appelles ? »
Les racines ou et me sont deux formes de négation, et si outis veut dire personne, mètis désigne une manœuvre rusée, « la capacité de trouver des issues à l’inextricable, de mentir, de rouler les gens, leur raconter des balivernes, et se tirer d’affaire au mieux.».[4]
Mètis c’est une forme de négation de l’être tel qu’il est, il s’agit de ne pas se montrer sous son vrai visage.
Du point de vue du psychothérapeute : doit-il user de la mètis ?
La réponse n’est pas une, disons, oui et non.
Car, d’une part, il ne doit pas montrer son vrai visage, dans le sens où son moi est exclu de la séance. Il est le représentant d’une praxis, et son histoire personnelle n’a rien à faire en séance. D’autre part, son interprétation sera révélée judicieusement, pas trop rapidement afin d’amener l’analysant à découvrir par lui-même sa propre vérité, et à en accoucher au moment choisi. L’analysant doit y être prêt.
La mètis du côté du thérapeute, peut masquer sa parole sous l’apparence d’un mythe. Raconter une histoire en séance, un mythe faisant écho à la problématique soulevée, permet de présenter de manière imagée la situation psychologique vécue par l’analysant. Ce qui a pour double effet, l’un de parler directement à l’inconscient par le symbolisme des images mythiques et l’autre de renvoyer un signifiant universel qui fait sens pour lui et le rassure.
Car son histoire tout en étant singulière n’est pas isolée de l’universalité des principes décrite dans la mythologie.
La mètis en réalité est des deux côtés : de celui de l’analysant qui ne veut pas se dévoiler et laisse plus ou moins consciemment une part de lui-même dans l’ombre, alors que le contenu de la séance est sensé opérer un travail inverse, et de celui du thérapeute qui doit en user à des fins thérapeutiques. Mais en même temps, le travail du thérapeute exige l’authenticité de son être et de son positionnement, sinon le transfert pourrait ne pas se mettre en place, faute de confiance. L’analysant doit être certain d’avoir en face de lui une personne intègre et engagée : le psychanalyste est là pour l’analysant, il peut compter sur lui.
Ainsi thérapeute et analysant passent par des métamorphoses, essayant d’échapper à un réel douloureux du côté de l’analysant, et permettant au psychanalyste d’instaurer une relation propice au transfert et d’oser une interprétation.
La théogonie d’Hésiode raconte que « Amour » est à l’origine du monde. De la castration d’Ouranos, et du sperme mélangé à l’écume naît Aphrodite d’or, amour désirant et sexué. Mais c’est bien plutôt le vieil Eros dit à la barbe blanche, le premier amour asexué contemporain de Chaos et Gaia, qui préside à la relation de travail psychanalytique. Amour, comme un tissage discret et pudique entre l’analysant et son thérapeute, nécessaire confiance, permet la confidence.
Zeus n’est pas le seul à avoir vaincu cette puissance de la tromperie que représente dans sa bigarrure et son ondoiement, la déesse à métamorphose, mais lui seul l’encercle définitivement dans ses entrailles. Pour dominer cette puissance il faut donc en encercler d’un coup toutes les manifestations diverses et les maintenir enfermées dans un étau qui ne se desserre pas.
Cet encerclement par des liens a un but précis, ce que nous allons voir dans le point suivant.
2- La maitrise des liens,
La déesse Thétis ne veut pas épouser le mortel Pélée qui lui a été désigné comme époux par Zeus. Elle aussi doit enfanter un fils qui détrônera l’Olympien et il n’en est pas question. Pélée se mit à sa poursuite et, suivant les conseils de Chiron, il l’enserra dans ses bras alors qu’elle changeait continuellement de forme, en lion, serpent, feu, seiche, arbre, eau …, jusqu’à ce qu’elle reprenne son apparence originelle. Elle se reconnut alors vaincue et finalement l’épousa.
Qu’il s’agisse d’Héraclès ayant étreint Nérée, ou Ménélas qui se rue avec ses compagnons sur le Vieux dieu de la Mer Protée, ou de Pélée étreignant Thétis, il s’agit toujours de surprendre le dieu par une tromperie et de l’immobiliser avec volonté et ténacité, de maintenir des liens serrés, en encerclant l’adversaire, jusqu’à l’obtention du renseignement attendu ou du dénouement de la situation.
Une des ruses, souvent racontée dans les mythes, est celle de saisir par surprise l’adversaire alors qu’il est endormi. Hypnos, Sommeil, frère jumeau de Thanatos, divinité puissante et redoutable, jette ses lacets magiques sur tout être animé dès qu’il le souhaite. Il met les vigilances en éclipse ce qui permet un accès direct à l’inconscient. Freud a commencé ses travaux sur l’inconscient en pratiquant l’hypnose et, ensuite, dévoilera les secrets de l’interprétation des rêves.
Mais que sont ces forces incontrôlables ?
Les Cent-Bras, êtres primordiaux doués d’une force colossale écrasant leurs adversaires sous des blocs de pierre, et les Cyclopes au regard foudroyant, maîtres du feu du centre de la terre, d’une puissance infernale, font figure de maîtres des liens.[5] Cent-Bras et Cyclopes étaient imprévisibles, partaient dans tous les sens, tournoyaient tels des cyclones.
Ils ont été liés, enchainés dans la nuit du Tartare par Ouranos. Ils y sont restés enfermés jusqu’à ce que Zeus prenne le risque de les libérer pour les rallier à lui dans la guerre contre les Titans, redoutant la remontée de ces forces primordiales risquant de remettre en cause l’ordre Olympien. Ils retourneront dans le Tartare pour veiller sur les Titans qui y sont définitivement enfermés par le vainqueur, le roi de l’Olympe.
La symbolique de l’acte de déliaison se joint à celle du retour à la lumière du soleil de ces forces incontrôlables, et donc d’un accès à la conscience, le retour dans la nuit profonde de l’Hadès figurant la nuit de l’inconscient.
La Symbolique de la Nuit de l’inconscient, et de la Lumière de la conscience est à l’œuvre dans le travail psychanalytique. Le contenu de ce qui est refoulé ne disparaît pas définitivement, il est à notre disposition si nous voulons y faire appel et y puiser le sens de nos actes, comprendre ce qui nous met en mouvement. Le combat figuré dans les mythes est bien un combat intérieur pour plus de clarté.
Vient un moment lors de l’analyse, où la mètis doit être elle-même mise en sommeil, afin que l’analysant se retrouve en sincérité avec lui-même. L’acte de lier et de délier symbolise l’alternance entre jour et nuit, entre ruse et vérité, entre mise en sommeil et éveil favorisant l’accès à la conscience.
Je cite de nouveau Jean-Pierre Vernant :
« Son lot de magie épuisée, Protée redevient ce qu’il est : un Vieux de la Mer, sincère et franc. La lutte par la force et la ruse cède la place à l’entretien loyal où chacun parle désormais à cœur ouvert, sans feinte et sans détour»[6]
Tout le travail de l’analyse va être de faire prendre conscience de l’existence, dans les profondeurs de l’être, de ces puissances tournoyantes et insensées, que sont les pulsions.
D’autre part, la mètis, douée de cette force de lier et de délier, peut être associée à travers son pouvoir d’encerclement au concept de « contenance » en psychologie. Ce pouvoir de la mètis permet de donner une direction à ces forces désordonnées et une issue favorable. Depuis Winnicott, la notion de contenance a pris une place majeure dans la psychologie contemporaine. Cette notion très expressive signifie contenir affectivement un enfant, une personne, en lui donnant de l’amour « contenant ». Cet amour lui définissant ainsi un espace socio-affectif qui lui offre la possibilité de s’exprimer et de s’épanouir. Le défaut de structures rassurantes rend difficile l’expression du sujet en devenir.
Notre pratique pragmatique pointe davantage cette contenance à travers une parole dialectique et orientée, qui fait sens, permettant au travail analytique une mise en ordre, le but recherché étant d’ordonnancer le Chaos.
L’analysant tente d’enserrer le thérapeute dans son raisonnement, dans lequel il est enfermé lui-même, dans cette mètis destinée à cacher sa vérité. Cette forme de « résistance » est une stratégie de défense nécessaire dans l’attente du bon moment où l’analysant sera prêt à symboliser certains aspects de son vécu.
S’apparentent à la mètis, dite aussi Phronesis, Prudence avisée, les actions de tresser, tramer un plan d’action, de tisser, d’ourdir, telle Pénélope faisant et défaisant la tapisserie dans l’attente du retour d’Ulysse. Il s’agit aussi de l’acte de construire, au sens d’élaborer une méditation créative, medomai, la trame d’une pensée intérieure.[7]
Tel Héphaïstos qui imagine le piège et fabrique le filet dans lequel il enserre et encercle l’infidèle Aphrodite au lit avec son amant Arès.
Mais le dieu possédant LA mètis, nous l’avons vu, c’est Zeus, dieu du tonnerre et de la foudre. Nul ne peut rivaliser avec lui en intelligence, en prudence avisée. Pourtant le titan Prométhée, fils de Japet et de Thémis, va tenter de le berner. Le Pré-voyant, ayant prémédité la puissante et folle avancée humaine sur la terre, fût lui-même lié. Enchainé à son rocher, il souffre dans sa chair le supplice, lourd tribut que l’incarnation doit à l’esprit. L’imaginaire devra être acté dans le monde sous le regard blessant de l’Autre, meurtrissant sans cesse le lieu même de la métabolisation. Cette épreuve n’est pas vaine, elle ouvre une perspective, une part de liberté que l’homme rusé va pouvoir mettre au profit de l’évolution. Ce feu volé au dieu, feu de l’esprit, faute de quoi l’humanité courait à sa disparition, n’est-il pas symbole de l’existence de la part divine en l’homme ?
La dynamique évolutive vie-mort, perte-gain, mort-renaissance, contraint l’homme à avancer, à délier les liens du passé pour aller vers un futur inconnu, mais possible.
3- Pouvoir oraculaire de Mètis.
Ce n’est qu’après avoir entièrement assimilé les vertus de la mètis que le dieu de la foudre convole avec Thémis. Cette déesse primordiale, fille de Gaia, s’érige sur le cours intangible des évènements, sur leur fixité[8]. Elle annonce un futur comme s’il était déjà écrit, sa parole divinatoire statue sur ce qui a toujours été, et sera toujours. Elle formule des arrêts plus que des conseils. Elle traduit, en tant que mère des Heures, les aspects de stabilité du monde que sont, le retour cyclique des saisons, et la fixation des destins, que représentent ses filles les Moires. « son rôle est de marquer les interdits, et les frontières à ne pas franchir ».[9] Ses oracles ont l’aspect de fixité de l’ordre Olympien.
Or c’est un autre oracle qui va permettre un changement possible dans l’ordre immuable, une voie d’accès à une part de liberté qui peut tout changer, qui peut modifier le cours des évènements qui semble pourtant inévitable. Telle est la part du pouvoir oraculaire de la déesse Mètis qui émet cette parole énigmatique et créatrice, ouvrant ainsi un horizon des possibles.
Citation « sa souplesse (de la mètis), sa malléabilité lui donne la victoire dans les domaines où il n’est pas, pour le succès, de règle toutes faites, de recettes figées, mais où chaque épreuve exige l’invention d’une parade neuve, la découverte d’une issue (poros) cachée. »[10]
La vie humaine subit ces deux principes, celui de la fixité du monde et celui de sa mouvance d’un même front. Or la mètis nous libère d’une vérité formelle de laquelle nous ne pourrions pas nous échapper….
Le psychanalyste est transmetteur de l’ordre universel, de l’intangibilité du monde, de l’ordre Olympien représenté par les lois humanisantes. Ordre, structure de l’univers qui va pouvoir être entendu par l’être d’origine ayant atteint sa dernière métamorphose.
Le psychanalyste ne cesse de dialectiser entre Thémis et Mètis. L’oracle de Delphes annonce à Œdipe : « tu voudras tuer ton père et voudras épouser ta mère ». Il croit pouvoir échapper à cette condamnation en fuyant ses parents. Mais il devra faire face à son destin. Seul un travail de conscience permet une libération.
La psychanalyse, par la formulation des désirs inconscients et leur symbolisation, permet de les orienter vers de nouveaux buts, de nouveaux objets d’amour.
4 – Conclusion
Cette ruse de l’intelligence, réclame d’avoir une vision étendue, résultat d’une analyse du passé et d’une pré-vision du futur. Dans l’Iliade, ce passage éclaire sur la ruse de Ménélas : « il voit en rapprochant l’avenir du passé comment il est possible d’arranger tout au mieux à la fois les deux partis. » chap. III, 108-110.
La pratique de la psychanalyse, n’est-elle pas aussi cette relecture du passé, qui permet de donner sens au présent en tentant une interprétation ? L’être souffrant, qu’il soit en situation de répétition le mettant en impasse ou face une décision difficile à prendre, se trouve convoqué à la nécessité de donner un sens, une direction à sa vie.
Il s’agit pour lui de savoir saisir le kairos, cet instant fugace qui s’offre sur son chemin, ce train à prendre en marche. Pour cela il faut y être préparé, et être prêt à faire le saut.
Cependant l’avenir reste opaque à l’être humain, il ne peut que projeter la conjecture la plus probable. Cette mètis n’est pas une science exacte, sa pré-vision reste incertaine. Comme dans le mythe de Prométhée, dit pro-mètheia, « celui qui réfléchit avant, le Prévoyant » ne va pas sans son contraire. Epiméthée, son frère, est celui qui comprend dans l’« après-coup » comme diraient Freud et Lacan.
Ces deux titans « forment les deux faces d’un personnage unique, comme la prométheia chez l’homme n’est que l’autre aspect de son ignorance radicale du futur »[11]
Ainsi, le psychanalyste, tente de transmettre le feu, celui de l’esprit qu’il a reçu en partage, afin d’aider l’analysant à trouver des repères sur son chemin de vie, lui permettant de décider par lui-même, de retrouver sa liberté et de ne plus souffrir. Les interprétations qu’il propose sur ce chemin ne sont pas à prendre comme des vérités absolues ou des lois intangibles, mais plutôt comme des maillons dans la chaîne des signifiants.
Chaque nouveau entre laçage tisse une nouvelle toile, une projection de vie nouvelle.
Catherine Montalto
Notes :
1 Théogonie d’Hésiode, trad. Mazon
2 Les ruses de l’intelligence, J-P Vernant, Champs Essais, p 106
3 Mètis, Pierre Holzerny Racine du mot qui signifie « mesurer ». Il convient de rattacher à cette racine les verbes « commander, règner sur » et medomai Vocabulaire des institutions indo-européennes, tome 2 (Pouvoir, droit, religion), Ch. 4 (*med- et la notion de mesure). du linguiste Benveniste et dictionnaire etymologique de la langue Grecque, Chantraine
4 L’univers, les dieux, les hommes. J-P Vernant, Points, p122
5 Les ruses de l’intelligence, JP Vernant, Champs Essais, p 83.
6 Op. cité JPV p 111 et Odyssée., IV, 486 ; Hésiode, Théogonie, 233
7 mètin plekein : tresser, tramer huphainein : tisser, ourdir tektainesthai : construire sumphrasasthai : méditer
8 Elle représente la stabilité et l’ordre cosmique et temporel
9 Les ruses de l’intelligence, J-P Vernant, p 105 et suiv.
10 Op. cité, p 29
11 Op. cité p 25